Corentin Vidalie (groupe Jacky Perrenot) : « Nous déplaçons les véhicules thermiques hors des villes »

On parle de nous 29 avril 2024
Corentin Vidalie, Chef de Projets Opérations, en charge du développement de la Mobilité Électrique chez Jacky Perrenot, nous fait un point sur la stratégie de verdissement de son parc roulant.

Vos nouveaux camions électriques viennent-ils en remplacement de camions diesel ?

Nous recherchons des usages similaires afin de remplacer un véhicule thermique par un véhicule électrique, car l’idée n’est pas de remplacer un porteur thermique 24 palettes par deux porteurs électriques 12 palettes. D’ailleurs, ces nouveaux véhicules arrivent en remplacement des véhicules au gaz naturel, ces derniers étant déplacés sur des missions à plus longue distance, compte tenu d’une autonomie plus grande et d’un bon réseau de distribution GNV. On déplace ainsi les véhicules thermiques hors des villes, en remplaçant, en bout de chaîne, des véhicules diesel.

Quels sont vos premiers retours en termes d’autonomie ?

Les premiers porteurs ont été utilisés en 2021 et nous avons noté une évolution technologique assez impressionnante sur l’autonomie des batteries. Les premiers modèles proposaient une autonomie d’une centaine de kilomètres contre 200 actuellement. Nous sommes à présent sur des capacités de batteries qui sont un peu plus intéressantes et qui permettent de se caler sur la majorité des usages pour lesquels nous destinons ces véhicules électriques.

Ces camions ont-ils été acquis pour des clients ciblés ?

Il peut s’écouler 36 mois entre le dépôt d’un dossier Ademe et la date où les camions roulent – si le dossier a été retenu –, donc nous évitons de limiter un déploiement aux seuls véhicules contractualisés au moment du dépôt, et d’impliquer les clients trop tôt sur ce type de projets. Cela prouve notre ambition pour cette technologie, tout en sachant que nous pouvons compter sur un certain nombre de clients prêts à nous suivre dans cette démarche. Nos premiers camions électriques ont bénéficié du bonus quand cette aide existait encore, et les suivants ont été soutenus par l’Ademe dans le cadre d’appels à projets. Ces aides permettent d’amoindrir le delta de coûts par rapport à des camions thermiques. Le gap reste significatif et, pour cette raison, ces camions sont réservés aux clients s’engageant dans une démarche d’utilisation exclusive, à travers une location de véhicules avec conducteur. En retour, ces clients bénéficient d’améliorations environnementales, sonores et marketing. D’où notre volonté d’aller chercher un maximum d’aides disponibles pour permettre à nos clients d’avoir un environnement économique qui reste tolérable et tend à se rapprocher du moteur thermique.

Comment est gérée l’alimentation des groupes froids de vos camions ?

La gestion du groupe froid est assez simple à mettre en œuvre sur un porteur, puisque la caisse réfrigérée est directement reliée à la batterie de propulsion. Sur une semi-remorque pour tracteur, cela devient plus compliqué, car aucune solution unique et idéale n’a émergé pour l’instant. Il est, en effet, toujours délicat de relier le tracteur à la remorque. Le fait d’utiliser une batterie dédiée pèse sur la charge utile. De même, il existe des solutions de récupération à l’essieu, mais il faut avoir un schéma d’utilisation de transport qui permette de rouler plus que l’énergie utilisée lors des arrêts avec les ouvertures de portes. L’azote reste la solution avec le plus de recul technologique, avec une plage d’usage un peu plus large, mais il faut bien l’appréhender pour optimiser les performances opérationnelles et économiques.

Que va apporter l’intégration d’un carrousel dans une caisse frigorifique ?

Nous sommes en train de développer avec Renault Trucks une solution autonome de manutention qui permet de réduire la pénibilité pour nos conducteurs et la dangerosité du déchargement par hayon. L’installation sur des camions électriques est pertinente, car cela concourt aussi à réduire les nuisances sonores et cela rentre parfaitement dans leurs missions de livraisons en centre-ville. Cela n’aurait pas de sens d’utiliser cette solution pour livrer des hypers en périphérie, avec un déchargement automatique de rolls un par un !

 

Source : www.actu-transport-logistique.fr - Grégoire Hamon - Avril 2024

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